Tragédie lyrique de Jean Lorrain et Ferdinand Hérold, musique de Gabriel Fauré
Le deuxième spectacle crée au théâtre des Arènes de Béziers est une œuvre qui mêle théâtre,
chant et danse. La musique est de Gabriel Fauré et le livret de Jean Lorrain et Ferdinand Hérold.
Gabriel Fauré, par P. Tarniquet, photographe à Béziers
Une source passionnante pour comprendre la genèse de l’œuvre est la correspondance de Fauré, magistralement
recueillie et présentée par J.M. Nectoux (Faillard, Paris, 2015).
Saint-Saëns propose à son ami et ancien élève Fauré d’écrire la musique du spectacle de 1900.
Il faut d’abord trouver un librettiste pour remplacer Louis Gallet, décédé en 1899.
Le choix se porte sur le jeune écrivain Ferdinand Herold, qui propose un ouvrage intitulé « Les Bacchantes ».
Mais la qualité du livret n’est pas jugée suffisante par Saint-Saëns.
Voilà donc que moins d’un an avant la création du nouveau spectacle, Saint-Saëns, Castelbon et Fauré
n’ont toujours pas de livret, ni de librettiste.
Le 5 septembre 1899, Fauré écrit à Castelbon :
« […] j’ai hâte de pouvoir commencer cette œuvre qui devrait être prête en avril ou mai au plus tard, n’est-ce pas ? Jugez-vous avec Saint-Saëns que le poème d’Herold est sans remède ? J’ai bien peur que oui. Avez-vous une idée ? Je GRILLE de le savoir. » (Le Journal musical, 10 septembre 1898)
La création de Prométhée a lieu à Béziers le 28 août 1900, devant un public estimé à douze mille spectateurs.
Cora Laparcerie (à gauche) dans le rôle de Pandore et Edouard de Max (à droite) dans celui de Prométhée (cliché Lapierre, BnF)
Le décor crée par Marcel Jambon, décorateur de l'Opéra de Paris, est particulièrement original et participe largement au caractère atypique de l'oeuvre.
Cora Laparcerie (au centre) dans le rôle de Déjanire (revue "Le théâtre", Paris, sept. 1898)
Le Figaro le décrit ainsi :
« Un décor gigantesque représentant un paysage de montagnes, sauvage et abrupt, coupé par un torrent, avec des grottes se creusant au flanc des ravins et des roches surplombant des précipices. Ce décor couvrira à peu près un tiers de l’immense cirque, depuis la crête de l’amphithéâtre jusqu’au 'rondelel' » (Le Figaro, 27 juillet 1900)